Diplômée de l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, Jehanne Paternostre (1976) s’intéresse à la fragilité de la mémoire et de ses constructions (monuments, documents, récits), tendus entre conservation et disparition. Elle a travaillé sur des lieux liés aux deux guerres mondiales tels que la « Cour sacrée » du fort de Bondues (Lille) ou, plus récemment, le cimetière militaire de Champion et le fort de Marchovelette (Namur). Ce dernier travail a été présenté lors d’une expo personnelle, intitulée Sans épitaphes, à la Galerie Short Cuts en 2018. Ses recherches ont été récompensées du Prix des Arts de Woluwe-Saint-Pierre (2017) et du prix de la Fondation artistique Horlait-Dapsens (2018).
L’installation Les éphémères (2019) a été créée à partir d’une collection de cartes postales anciennes de Champion. Outre la référence à ce qui ne dure que peu de temps, à ce qui s’échappe, à ce qui ne fait que passer, l’appellation désigne en effet pour les archivistes des publications telles que les cartes postales, ou encore les publicités, tracts, etc. De cette collection, est apparue la position centrale que l’Institut de la Providence occupait dans la vie sociale et économique du village. Des jeunes filles en pensionnat y échangeaient avec leurs parents et amis ce qu’on appelait au début du XXème siècle des « cartes-vues ». A travers son installation de boîtes aux lettres dans le parc de l’Institut, l’artiste renverse la vision habituelle de la carte postale, rendant visibles des fragments de messages intimes plutôt que la vue pittoresque du village et de ses bâtiments remarquables. En l’absence de tout repère temporel, ces quelques phrases évoquent la force de sentiments universels suscités par l’absence, l’attente, le temps qui passe. Dans ce dialogue entre vie intérieure et vie extérieure, ce sont aussi les relations entre la mémoire, les lieux et les passants que nous sommes qui sont interrogés dans ce travail. www.jehannepaternostre.com |
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