Nathalie Hannecart (1974) travaille en photographie argentique et s'intéresse principalement aux ambiances urbaines, aux traces, au passage…
Après avoir exposé à la Galerie Short Cuts, elle investit les fenêtres de plusieurs maisons particulières à Champion avec son travail Medusa. « Trois monstres habitaient dans l’extrême Occident, au-delà des frontières du monde, du côté de la Nuit. […] Les dieux étaient plus récents que ces monstres. » P. Quignard, Petit traité sur Méduse Comment peut-on aimer Méduse, figure de l’horreur ? Méduse est une Gorgone, un être monstrueux placé aux portes de l’Hadès, entre vivants et morts. Qui se risque à la regarder dans les yeux est pétrifié. Méduse impose le silence. Elle transforme et fige par son regard, c’est sa puissance et sa tragédie. Comment photographier des murs, des empreintes inscrites sur la pierre et ne pas aimer Méduse ? Photographier des murs permettrait-il aussi de parcourir le chemin inverse, de faire vivre la trace, ne fût-ce que dans un portrait imaginaire ? Peut-on donner à voir une « trépidante immobilité », pour reprendre l’expression de Michel Tournier ? Ecouter ce qui sourd sous la pierre. Ne pas perdre la tête. Prendre soin de ne pas regarder la réalité en face, mais à travers l’appareil photo, précieux détour qui protège. S’aventurer vers un travail qui consisterait à pétrifier les maisons, ajouter aux murs des représentations d’autres murs. Puis scruter les murs pour y chercher intimement des faces et des histoires, comme dans un vieux miroir piqué. Interroger ainsi le huis clos et l’étrange rapport Medusa-médusée. Nathalie Hannecart https://www.nathaliehannecart.be/ |